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Entretien avec un directeur de maison de retraite

Temps de lecture estimé : 10 minutes
introduction

Patrick Poulain, homme dynamique et souriant, nous accueille dans les locaux de la maison de retraite de Bastille, 24 rue Amelot dans le 11e arrondissement. Ce jeune directeur gère une équipe de 23 infirmiers et soignants qui prennent soin des 80 résidents de cette résidence qui se veut chaleureuse et vivante. Pour nous, il témoigne.

directeur maison de retraite

Sommaire :

Que faites-vous au moment du décès d'un de vos pensionnaires ?

Souvent, des signes avant-coureurs annoncent le décès. Un accompagnement palliatif est alors mis en place pour réduire leur souffrance. Nous contactons les familles dès que nous remarquons un déclin dans la santé de nos résidents. Ainsi, ils peuvent être près de leurs proches et les accompagner jusqu’à la fin. Après le décès, les soignants effectuent la toilette mortuaire, c’est une façon de leur dire au revoir. Nous ne possédons pas de chambre froide. Ils sont donc envoyés au funérarium de Ménilmontant ou dans une chambre funéraire en particulier s’ils avaient souscrit une convention avec une agence de pompes funèbres.

Vous occupez-vous des obsèques

Non. En général, c’est la famille ou le tuteur qui s’en occupent. Encore une fois, si un contrat a été souscrit, c’est l’agence concernée qui s’en occupe. Quand il n’y a pas de contrat d’assurance obsèques et pas de famille, nous le faisons parfois.

Avec qui êtes-vous en relation ? (pompes funèbres, cimetières, etc.)

Nous sommes en relation avec le funérarium du cimetière du Père Lachaise. Cela simplifie les démarches pour les familles qui se sentent souvent perdues au moment de la perte. Ils nous demandent souvent conseil, nous faisons au plus simple. Nous leur indiquons les démarches à suivre sans pour autant les amener vers une agence de pompes funèbres en particulier.

Les personnes que vous hébergez son-elles seules ou ont-elles encore de la famille ?

Les ¾ des résidents ont de la famille tandis qu’ ¼ sont sous tutorat. Sur les 80 résidents, 40 d’entre eux reçoivent de la visite de leur famille assez fréquemment. Parfois les conjoints et les enfants viennent rendre visite tous les jours.

Les résidents souffrent-ils de la solitude ?

Malheureusement oui. Nous faisons en sorte qu’ils ne soient que très rarement seuls mais cela ne suffit parfois pas. Ceux qui en souffrent cherchent souvent l’isolement parce qu’ils ne se sentent pas capables de tenir une conversation. L’isolement s’accompagne d’idées suicidaires. Le personnel rassemble alors toute son énergie pour leur donner goût aux choses à nouveau sans pour autant les harceler. Il faut les stimuler sans les forcer.

Nous combattons le sentiment de solitude avec des animations quotidiennes. Nous faisons en sorte de maintenir un lien social avec les autres résidents ainsi qu’avec les salariés. Les activités sont multiples et permettent de rester en forme tout en étant en relation avec les autres. C’est primordial. Nous proposons donc beaucoup d’activités. Certaines sont en plein air. L’enfermement est dangereux. Nous proposons donc fréquemment et quand il fait beau des ateliers jardinage, des balades au marché, des barbecues. Ces derniers sont très appréciés et rassemblent une majorité de personnes. Tout au long de l’année, nous leur proposons des films qui stimulent ainsi leur mémoire et souvent des souvenirs agréables. La presse quotidienne est également à leur disposition afin qu’ils restent en contact avec le reste du monde. De la gym également. Leur vitalité physique et intellectuelle est ainsi conservée. De nombreuses activités culturelles et musicales sont mises en place : des conférences à la création de chansons, aux fêtes d’anniversaire souvent très festives.

Qui annonce le décès aux familles ? Comment procédez-vous ?

Je m’occupe de l’annoncer aux familles. L’infirmière cadre le fait aussi parfois. Nous les prévenons par téléphone malheureusement mais les familles sont très souvent averties avant que la personne décède pour qu’ils passent leurs dernières heures ensemble.

Les décès sont-ils fréquents ?

Depuis le début de l’année, dix résidents nous ont quittés. Il y en a entre 20 et 25 par an, c’est la constance moyenne depuis l’ouverture de l’établissement en 2004. Parfois, les résidents partent. Le dernier parti a rejoint son épouse qui était dans une autre maison de retraite à Toulouse, on l’a regretté, mais c’est un beau départ.

Proposez-vous des contrats spécifiques à vos pensionnaires ? Etes-vous en relation avec des agences d'assurance ?

Absolument pas. Nous ne sommes pas là pour vendre quoi que ce soit à nos résidents mais pour leur proposer un hébergement adapté à leurs besoins. Quand un résident ou une famille nous demande conseil, nous les dirigeons comme nous pouvons sans pour autant leur faire de la publicité.

Y a-t-il beaucoup de décès dans l'enceinte de la maison ou plutôt à l'hôpital ?

La plupart des décès ont lieu dans l’enceinte même de la maison. Nous ne transférons nos résidents que si la charge est trop lourde pour que nous les traitions sur place. Si leur condition nécessite des soins de nuit par exemple, nous ne pouvons les garder. Ils préfèrent rester ici et finir leur vie ici. C’est leur dernier domicile. Nous faisons donc tout pour respecter leur vœu tant que nos moyens nous le permettent.

Vous devez être confronté aux décès quotidiennement, comment le vivez-vous ?

Ce n’est pas facile. On s’attache parfois énormément à certains résidents et il est difficile de les voir partir. Mais nous avons conscience qu’ils sont âgés et que le moment de la séparation viendra tôt ou tard, nous faisons en sorte de nous y préparer. Par le passé, un résident avait pris l’habitude de me rendre visite dans mon bureau tous les soirs et de me raconter deux ou trois anecdotes. Son départ m’a énormément attristé mais mon métier ne me permet pas de m’attacher, il faut que je garde un certain recul pour bien faire mon travail.

Comme le vit l'équipe ?

De la même manière. Pour eux, c’est encore plus difficile car ils entretiennent une relation très proche avec les résidents. Ils s’occupent d’eux quotidiennement, les voient souffrir, les voient sourire. Ils les connaissent bien et s’attachent donc parfois beaucoup. Pour éviter qu’ils se lient trop étroitement et souffrent au moment du décès, nous faisons des roulements.

Pourquoi-avez vous choisi de travailler dans ce domaine ?

Le côté social me plait particulièrement. Notre maison est une EHPAD mutualiste et n’existe donc pas dans le but de rassembler de l’argent mais dans celui de venir en aide à ceux qui en ont besoin. C’est aussi né de l’envie de voir nos ainés dans une demeure digne de ce nom. Nous souhaitons qu’ils soient traités avec respect, dans la dignité.

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