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Témoignage après un suicide

Temps de lecture estimé : 5 minutes
introduction

Mon mari s’est suicidé, mais je cherche sans un cesse un responsable depuis sa mort.  Est-ce ta faute, mon grand fils, tu l’a vu le dernier et qui te reproche de ne pas avoir vu qu’il était si mal et de ne pas avoir dit les mots qui auraient pu le retenir? Bien sûr que non.

femme en deuil

Sommaire :

A qui la faute ?

Est-ce ta faute, mon cadet,  parce que tu n’as pas répondu à sa demande la veille de son acte et tu as été un peu agressif avec lui, car tu voulais rejoindre tes copains. Bien sûr que non. A  21 ans il n’y a rien de plus normal que de vivre sa vie. Et un conflit entre père et fils fait partie de la vie

Est-ce la faute à toutes les personnes (famille, collègues, copains…) qui ont pu avoir parfois des attitudes ou des paroles blessantes ? Je ne le crois pas, si cela blessait Michel, c’est qu’il avait une trop faible estime de lui. Et un rien l’affectait, une parole, un geste, une absence. Il avait soif d’amour, de reconnaissance, mais il ne s’aimait pas lui-même…

Est-ce la faute à ses parents, qui n’ont pas su donner à leur fils unique, malgré leur amour inconditionnel, une solide confiance en lui et  un sentiment de sécurité suffisant pour lui permettre de s’épanouir ? Je sais qu’ils lui ont donné ce qu’ils ont pu en croyant faire au mieux pour lui mais, inconsciemment leurs problèmes ont surement influencé mon mari : un père avec des tendances suicidaires, une mère marquée par des traumatismes de la guerre et peut être d’autres choses encore, mais peu importe….

Mon mari avait fait le choix de ne pas leur en faire le reproche, et de les protéger, depuis 29 ans, il me disait « mes parents sont vieux que veux-tu ? Il faut les laisser tranquilles ». Il avait raison, ils ont fait de leur mieux avec leurs outils, comme mon mari et moi avec nos enfants.

Est-ce la faute de notre société? De tous ses messages qu’elle nous envoie : être jeune, beau, mince, dynamique, en forme, heureux, performant … ? La faute à un manque de formation et d’information des professionnels et du public, aussi ? Surtout quand on sait que suicide est la 1ère cause de mortalité entre 25 et 55 ans.

Est-ce  ma  faute, car je n’ai pas su assez lui  prouver mon amour, je n’ai pas su le retenir, je n’ai pas eu les bons mots, les gestes dont il avait besoin ? Je lui ai demandé de l’aide car j’étais angoissée, je n’allais pas bien, nous étions dans une période difficile de notre vie de couple mais je n’ai vu que tardivement  qu’il allait très mal, je n’ai pas su le soigner, je n’ai pas su le protéger…

Au fond, je sais que je ne suis pas coupable.  Mon mari s’est suicidé, car il avait un trop plein d’angoisse, il était dans une phase dépressive violente. Je n’avais jamais vraiment réalisé la gravité de son état, j’avais pu voir qu’il était très anxieux, qu’il avait une très faible estime de lui, qu’il pouvait être par moment déprimé. Je lui ai souvent suggéré de voir un psy, pour qu’il soit mieux dans sa peau. Mais il a  toujours refusé.

Mais la culpabilité est là malgré tout, toujours,  elle surgit à chaque instant, elle se cache pour mieux revenir, elle me ronge…

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